samedi 28 juillet 2012

Solomon Kane (2009)



Pour la très grande majorité du public, Robert E. Howard est le romancier qui créa le personnage de Conan, incarné à l'écran par Arnold Schwarzenegger à l'écran(1), et donc l'inventeur d'un héros bien bourrin, sans la moindre finesse. De là à cataloguer cet auteur comme un écrivain mineur, il n'y a qu'un pas, bien souvent franchi. Demandez autour de vous, vous verrez bien. 

C'est fou comme les gens peuvent se tromper, parfois. Tout d'abord, Conan n'est pas le héros débile qu'on veut bien croire, et surtout, Robert E. Howard, romancier tourmenté (il se donna la mort à 30 ans) est un des pères de la fantasy moderne et on lui doit bien plus que les aventures du culturiste en pagne à poils. Le personnage de Solomon Kane, puritain hantant un XVIème siècle où sorcellerie et violence règnent, est une pièce majeure de son oeuvre, même s'il n'est connu que des amateurs de Howard. Au passage, je vous signale l'édition récente, chez Bragelonne, d'une intégrale des aventures du Puritain, fort recommandable. 

 La fantasy étant fort en vogue au cinéma, depuis les triomphes de certaines adaptations ("Le Seigneur des Anneaux" en tête), on a eu droit, ces dernières années, à quantité d'adaptations, certaines fort réussies, d'autres beaucoup moins. J'ignore ce qui est passé par la tête des producteurs de "Solomon Kane", tant le personnage est peu connu (et donc a priori peu bankable) mais le fait est qu'ils osèrent porter à l'écran ce antihéros sorti de l'imagination d'Howard. malheureusement, le succès public ne fut pas au rendez-vous.  

Résumons rapidement l'histoire : après avoir combattu sans pitié au service de l'Angleterre puritaine, Solomon Kane a décidé de renoncer à la violence et à la folie meurtrière qui lui dévoraient l'âme. En quête de rédemption, il devra faire denouveau appel à ses talents de tueur pour affronter un démon sans pitié... 

Rien de très original dans le pitch, comme vous pouvez le voir. Les connaisseurs de l'oeuvre originale (sur le  format des nouvelles, comme la mythique revue Weird Tales en publiait des centaines à l'époque) pourraient d'ores et déjà tiquer : Solomon Kane, sur le papier, est un homme hanté, poursuivant sans relâche ses démons, avec un entêtement rarement vu dans la littérature. Mais ne nous arrêtons pas à ce synopsis : pour dire du mal (ou du bien, sait-on jamais) d'un film, la moindre des choses est de le visionner jusqu'au générique de fin. 

La présence de Michael J. Bassett à la réalisation est déjà, en soit, un bon point L'homme a déjà réalisé le très angoissant "La tranchée", dont je vous recommande le visionnage. Metteur en scène, Bassett met tout son talent au service de l'histoire. Rien à redire donc, de ce côté là.  

Du côté du casting, peu de reproches à porter au discrédit de "Solomon Kane". Si l'interprète principal, James Purefoy (surtout connu pour son rôle dans la série "Rome") aimerait visiblement bien ressembler à  Hugh Jackman (mais je suis peut-être mauvaise langue), ce film est l'occasion de retrouver le grand Max Von Sydow ("L'exorciste", pour ne citer que ce film) et le regretté Pete Postlethwaite ("Usual Suspects", "Inception", "Les virtuoses") dans un rôle bref, mais marquant. 

De la même façon, l'ambiance générale du film contribue à la crédibilité de celui-ci. Le décor de "Solomon Kane" est un monde rude, sale, ou l'espoir a depuis longtemps disparu pour laisser place à la peur. Qu'il s'agisse des décors, des costumes ou des accessoires, tout joue en faveur du film. 

Cependant, quand arrive le générique de fin (bien fichu aussi, d'ailleurs), c'est un sentiment de semi-échec qui subsiste. Malgré tous les moyens mis en oeuvre pour sa réussite (que j'ai listé ci-dessus), il faut bien reconnaître que "Solomon Kane" ne tient pas toutes ses promesses, étant à la peine du niveau du téléfilm d'action lambda. Et la faute en incombe a un seul fautif, si vous voulez mon avis : le scénario. Solomon Kane, en héros hors du commun, méritait mieux que cette banale histoire de vengeance pour son passage à l'écran. Quitte à s'emparer d'un monument de la littérature (fût-il peu connu du grand public), autant le faire bien. En l'occurrence, ça aurait pu donner un grand film.  

Dommage. 




(1) : le récent remake est fort dispensable et aurait toute sa place dans ces colonnes... 

3 commentaires:

  1. Très mauvais et à peine mieux réaliser qu'un téléfilm syfy. C'est triste à dire mais bon en plus il ne se passe rien.

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    1. C'est vraiment dommage : le personnage de Solomon Kane est une des créations les plus personnelles et intéressantes du grand Howard. Un beau gâchis.

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    2. Oui et puis c'était l'occasion de revenir à un héros ténébreux type Conan. A noter que je l'ai vu avec un pote qui l'avait. Il m'avait déconseillé de le faire mais comme on est amateur de nanar et navet on a sauté sur le pas!

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