Les tueries dans les lycées américains sont - hélas ! - des événements trop fréquents qui ont déjà inspiré les cinéastes. On pense évidemment à "Bowling for Columbine" ou "Elephant" dans deux registres différents (ou pas). Mais les films qui utilisent ces massacres au pays des armes en libre circulation comme point de départ d'une intrigue sont plus rares. Récemment, Arte a eu la bonne idée de diffuser "La vie devant ses yeux", passé quasiment inaperçu lors de sa sortie en salles, malgré la présence en tête d'affiche de la très belle Uma Thurman. Ce fut l'occasion d'une séance de rattrapage, fût-elle télévisuelle.
Briar Hill, petite bourgade américaine, a connu, il y a quinze ans, un terrible drame. Son lycée fut en effet le théâtre d'une tuerie dont le souvenir a marqué chaque habitant. Survivante du massacre, Diana semble avoir surmonté ce terrible traumatisme. Mariée et mère d'une petite fille qui donne du fil à retordre à ses institutrices, Diana se souvient de sa jeunesse, des jours qui précédèrent le drame, de son amie Maureen.
Dans son esprit, passé et présent s'entremêlent, alors qu'on célèbre la mémoire de ceux qui perdirent la vie ce jour-là.
Vadim Perelman, le réalisateur de "La vie devant ses yeux" ne s'était guère fait remarquer avant de se lancer dans l'adaptation du roman éponyme de Laura Kasischke. Rares sont ceux qui se souviennent de son précédent film, "House of Sand and Fog" Pourtant, avec son deuxième long métrage, il fait preuve d'une belle maîtrise de la mise en scène, se permettant parfois quelques audaces visuelles qui peuvent produire leur petit effet. Servi par l'image léchée de Pawel Edelman, le réalisateur montre qu'il sait comment se servir d'une caméra.
Malheureusement, si un indéniable talent est à mettre au crédit de la forme, il en va tout autrement pour ce qui est du fond. Le scénario de "La vie devant ses yeux", virevoltant entre passé et présent, perd souvent en lisibilité et égare plus d'une fois son spectateur. Le twist final (que certains verront venir à l'avance) est gâché par des erreurs du scénario, qui s'attarde inutilement sur des éléments qui n'en méritaient pas tant et ne traite pas avec suffisamment d'égards certaines pièces majeures du puzzle.
Pour contrebalancer ce défaut majeur, les deux rôles principaux (qui n'en sont finalement qu'un, à
bien y réfléchir) sont tenus par deux actrices remarquables : Uma Thurman, lumineuse et Evan Rachel Wood, diablement convaincante, donnent à ce film ses meilleures cartes. On aura aussi une petite pensée pour la belle prestation d'Eva Amurri, qui s'en sort honorablement.
C'est un sentiment mitigé qui règne, à la fin de "La vie devant ses yeux". Doté d'un thème fort et qui place la barre très haut, magnifiquement filmé et très finement interprété, ce film souffre cependant d'un traitement brouillon, qui nuit à sa crédibilité. On ne peut que regretter ce demi-échec (ou demi-réussite, selon qu'on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide).
Il me semble l'avoir vu mais alors plus aucun souvenir du film. A mon humble avis je crois que c'est parce que c'était très mauvais.
RépondreSupprimerJe pense que je l'oublierai très vite également...c'est un signe.
SupprimerJe n'ai pas aimé ce film et dans l'ensemble je rejoins ton avis. C'est tellement brouillon qu'on perd toute compréhension et toute émotion ! Pourtant c'est bien interprété, esthétiquement c'est joli mais quel ennui au final...
RépondreSupprimerVoilà : beau, mais confus et finalement vain. On est d'accord.
SupprimerMerci du passage, Tina :)