jeudi 12 juillet 2018

Fonzy (2013)




Qu'un film à succès, venu d'Europe, fasse l'objet d'un remake à Hollywood, c'est chose assez commune. Par contre, lorsque le remake traverse l'Atlantique dans l'autre sens, c'est plus rare. En reprenant "Starbuck", Isabelle Doval, réalisatrice de "Rire et châtiment" (qui mettait déjà en vedette José Garcia, son mari) prit un risque : entre livrer une pâle copie et trop s'éloigner du modèle, le point d'équilibre était difficile à trouver. Alors, pari réussi ?

Dans sa jeunesse, dont il estime qu'il n'est pas sorti, Diego Costa a donné son sperme à de nombreuses reprises. Alors qu'il vivote, employé dans la poissonnerie familiale et vient d'apprendre que sa petite amie est enceinte, Diego découvre qu'il est le père biologique de 533 enfants, dont 142 veulent le connaître. Il hésite entre se révéler et rester anonyme et, avant d'opter pour une des deux solutions, décide d'apprendre à connaître sa progéniture.

Bien que n'ayant pas vu le film original, j'avoue avoir pris grand plaisir à visionner son remake. Là où l'on aurait pu s'attendre à une comédie parfois malhabile, c'est à un film souvent fin et parfois drôle que l'on a affaire. "Fonzy", avec un sujet de départ qui aurait pu verser dans le graveleux, est un film qui joue adroitement du thème de la paternité et du rapport entre les générations. Quand Diego prend sous son aile certains de ses rejetons et devient ainsi père, l'émotion pointe parfois le bout de son nez, alors qu'on ne l'attendait pas. Et, dans sa dernière partie, celle normalement consacrée à la résolution (dans toute bonne comédie qui se respecte), la métamorphose du personnage central s'avère plus touchante qu'attendu.

Étonnamment, donc, le remake est plutôt réussi. Le mérite en revient essentiellement à l'interprète principal, José Garcia, convaincant dans le rôle d'un homme passant, en l'espace d'un film, du statut d'adolescent immature à celui du père. Si ses interprétations ont parfois été outrancières, il explore ici le registre de l'émotion et se montre souvent convaincant dans le rôle d'un homme franchissant en accéléré les étapes qui mènent à l'âge de père. Autour de lui, les seconds rôles pâtissent un peu de l'omniprésence de ce personnage, mais on apprécie les prestations d'Audrey Fleurot, de Lucien Jean-Baptiste, ou de Gérard Hernandez (en patriarche plein de sagesse).

Enfin, cerise sur le gâteau, la bande originale est un régal pour les oreilles, ce qui ne gâte rien, et rythme agréablement les péripéties de Diego Costa, géniteur devenant père le temps d'un film. Sans doute pas exempt de maladresses, "Fonzy" est cependant un film généreux et humain, souvent drôle, mais pas vain. S'il n'a rien d'inoubliable, ce remake européen d'un film québécois (qui eut droit, ensuite à son remake aux Etats-Unis, sous le titre "Delivery man", pour la petite histoire) est plus qu'honorable : il se pourrait qu'il s'agisse d'un bon film.

Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2018, pour la catégorie 
"Un film avec une bonne BO"


5 commentaires:

  1. Le plus drôle est que le remake us est sorti quelques semaines après aux USA (22 novembre) et je pense que les français ont fait bloqué le film à cause de l'arrivée imminente du remake français. Si bien que je crois que le film avec Vince Vaughn n'est jamais arrivé sur le sol français. Que ce soit au cinéma ou en vidéo. Le plus délirant est que même en faisant ça, le remake français s'est planté en beauté au point de faire juste moins que l'original en France ! :D

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    1. Oui, dans le genre "distribution n'importe comment", celui-là est un prototype. Le plus puni reste finalement le public et c'est bien dommage.

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    2. Après, Delivery man est logiquement facilement trouvable sur le web dans d'autres conditions. Mais oui je pense que le film a été sacrifié en France pour que le français ne puisse avoir de l'ombre.

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  2. Salut Laurent et merci pour cette chronique. Pour ma part, je n'ai vu que l'original québécois, le fameux "Starbuck" avec un excellent Patrick Huard. Je crois savoir que la version américaine a été réalisée par le même cinéaste (Ken Scott). Il semblerait que le remake français soit à la hauteur, ce qui ne m'étonne guère de José Garcia, un acteur qui a plus de talent qu'il n'en a l'air et peut jouer, je pense, sur des registres autres que le gros comique qui tâche.

    Au fait, il paraît qu'il y a aussi un remake indien !

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  3. J'aime tellement le film d'origine que je n'ai jamais osé tenté ce film qui semble être juste une pale copie qui n'apporte rien d'autre mais je me trompe peut être ;-)

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