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mercredi 29 novembre 2017

Le beau monde (2014)


Le monde auquel nous appartenons est-il défini par notre naissance ? Peut-on sortir du milieu social dans lequel on a été élevé ? Est-il possible de s'élever, justement, quand on aspire à sortir de sa classe sociale ? Loin de moi l'idée de lancer un débat ou quelque étude sociologique (ce blog parle de films, à la base), mais le fait est que le cinéma peut évoquer bien des thématiques, dont certaines un peu pointues, en posant des questions et sans forcément y répondre. "Le beau monde", petit film de Julie Lopes-Curval, évoquait le frottement des classes, au travers du parcours de son héroïne. Peu sont ceux qui le virent, lors de sa sortie. Et si on en parlait ?

Le beau monde, pour Alice, c'est celui d'Antoine, qui la courtise et dont elle finit par tomber amoureuse. Issue de la classe ouvrière, cette jeune femme, qui aspire aux métiers d'art, va se frotter à une société qui n'est pas la sienne et ne l'accepte pas forcément. La famille d'Antoine, et lui aussi, peut-être, ne la regarde-t-elle pas de haut, parfois ?
Elle en profitera, mais en souffrira aussi. Il existe plusieurs mondes dans notre monde : a-t-on le droit d'en franchir les frontières impunément ?


Ce n'est pas la première réalisation de Julie Lopes-Curval. Pourtant, les maladresses qui ponctuent ce "petit" film m'ont fait plusieurs fois penser que j'avais affaire là à un galop d'essai. Le montage, notamment, est assez brut et on passe allègrement d'une séquence à une autre, sans indication du temps écoulé, ni du motif pour lequel les personnages vont et viennent d'un lieu à l'autre. 

Il est édifiant de revoir les jeunes acteurs faire ici leurs premières armes, ou presque, connaissant le chemin parcouru par eux depuis. En tête d'affiche, Ana Girardot (revue depuis dans "Ce qui nous lie", par exemple), toute en fragilité, papillonne entre les deux sociétés auxquelles elle se frotte, au risque de se brûler les ailes. A ses côtés, Bastien Bouillon et Baptiste Lecaplain, pas toujours convaincants, figurent deux facettes masculines auxquelles elle est confrontée. On appréciera la présence, quoique fugace mais décisive de Sergi Lopez, qui fait vibrer une corde inattendue dans ce petit film.

Alors, oui, "Le beau monde" est un "petit" film, mais il est sincère. Parfois brouillon et malhabile, il comporte cependant une bonne dose de sincérité. On voit à peu près ce dont il veut nous parler, même si la façon dont il l'évoque est confuse et alambiquée. 

Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2017, catégorie "film tourné dans un lieu où je suis allé".


vendredi 24 novembre 2017

Les ex (2017)


Plusieurs films de Maurice Barthélémy, ancien des Robins des Bois, ont fait l'objet de chroniques sur ce blog, et ce ne fut jamais dans de bons termes. Histoire de ne pas rester fâché et parce que son dernier opus, "Les ex", avait été un franc insuccès, j'ai choisi de le visionner. On ne sait jamais, après tout : la qualité pouvait être au rendez-vous.

Paris est la ville des amoureux, paraît-il. En nos temps d'instabilité des couples, c'est donc fatalement celle des ex, aussi. Difficile donc de ne pas croiser son ex, que l'histoire qu'il (ou elle) représente soit négative ou positive. Pour Laurent, devenu prêtre, qui se retrouve à préparer le mariage de Julie, son ex-petite amie, comme pour Antoine, un psychologue dont l'ex-femme décède accidentellement et qui récupère ses deux filles jumelles et adolescentes, l'ex n'est pas facile à oublier. Et que dire de Didier., juge d'instruction, qui traite des divorces à la chaîne et se retrouve éjecté par sa propre épouse ? Drôle d'époque, pour les couples, on dirait...

On aurait pu avoir, avec "Les ex", un film choral, qui se serait gentiment (ou pas, d'ailleurs) moqué de l'esprit romantique qui préside souvent aux films traitant du couple. On aurait aussi pu se retrouver avec une comédie mordante, portrait en creux d'une époque où on devient vite un "ex", justement et où les sentiments sont souvent au second plan. On aurait pu avoir une bonne surprise, voire un film à regarder avec plaisir. Il n'en est rien, hélas : pour ce qui est de se réconcilier avec les films de Maurice Barthélémy, ce sera pour une autre fois (ou pour jamais, plus probablement).

Mal filmé, mal écrit, joué sans entrain par des acteurs venus là pour le chèque (j'imagine, en tout cas), "Les ex", avec son affiche de film choral fédérant des personnages sur un thème commun, n'arrive à aucun moment à générer le rire, ni même le sourire. Entre numéro de cabotinage honteux (rarement Patrick Chesnais s'est fourvoyé à ce point) et jeu d'acteurs à côté de la plaque, le spectateur ne peut même pas se consoler avec les interprètes de ce méli-mélo souvent de mauvais goût.
Cerise sur le gâteau, d'incessants placements de produits donnent un aperçu de ce à quoi on aura droit, le jour où ce film sera diffusé sur M6, à la production d'ailleurs.

Ce n'est pas la première fois que Maurice Barthélémy, ex-Robin des Bois, commet un mauvais film. On se souvient de "Low Cost" ou de "Pas très normales activités", déjà chroniqués dans ces colonnes. Partant ici d'une idée qui aurait pu donner un traitement intéressant, pour peu qu'il eut été un peu fin, "Les ex" aurait sans doute pu être un film plaisant. La promesse n'est hélas pas tenue.


mercredi 31 août 2016

Dieu Merci ! (2015)



Avec "La première étoile", Lucien Jean-Baptiste avait réussi un joli coup, on s'en souvient. A la fois social et tendre, cette comédie sur fond de vacances à la neige avait été un succès public et critique, ce qui était pourtant loin d'être gagné sur le papier. Après quelques rôles, pas toujours très bien choisis, Lucien Jean-Baptiste est repassé derrière la caméra et nous a offert "Dieu Merci !", un film fortement imprégné de son parcours personnel. Hélas, pour cette fois, l'affluence fut bien moindre. A tort ou à raison ?

Dieumerci sort de prison et est bien décidé à réaliser son rêve de gosse : devenir comédien de théâtre. Mais, entre les dettes qui se sont accumulées, le coût prohibitif des cours et les bâtons que la vie lui met dans les roues, ça ne va pas être facile pour lui d'atteindre son but. Face à lui, Clément, qui suit en dilettante les cours de théâtre, alors que son père pense financer ses études de droit, et qu'on lui impose comme binôme. Non, décidément, ça ne va pas être facile, pour Dieumerci.

Dès le début, on sait que ces deux gamins (parce que, lorsqu'on court après ses rêves de gosse, on l'est encore un peu) sur l'affiche vont faire un bout de chemin ensemble. Les rencontres improbables sont presque un genre à part entière, au cinéma et les étincelles produites par ces chocs ont allumé de jolis feux, ça et là. Bien entendu, le parcours qui les attend n'est pas un long fleuve tranquille et il leur faudra se frotter à la dure réalité, cette dernière étant bien plus âpre pour un noir quarantenaire sortant de prison que pour un blanc d'une vingtaine d'années. Nous voilà donc en face d'une comédie, certes, mais qui baigne dans l'actualité, et n'en est que plus pertinente.

Il faut reconnaître un vrai talent d'écriture et de mise en scène à Lucien Jean-Baptiste. Ses
personnages ne sombrent jamais dans la caricature, évitant le travers habituel de bon nombre des comédies françaises. Confrontés à des situations qui donnent à réfléchir, ils agissent comme des êtres humains que l'on pourrait croiser chaque jour. On croit en eux, comme ceux qui les incarnent, visiblement. Car l'interprétation est l'un des grands atouts de ce film : qu'il s'agisse de Lucien Jean-Baptiste, de Baptiste Lecaplain ou des fidèles Firmine Richard ou Michel Jonasz, pour ne citer qu'eux, tous insufflent vie avec talent et foi à leurs personnages. Enfin, et c'est à signaler, la bande originale (composée par Fred Pallem) est particulièrement adaptée et soignée. 

Malgré quelques chutes de régime, dans l'ensemble, "Dieu Merci" réussit à toucher son public. C'est surtout parce qu'il s'agit d'un film généreux, bien que parfois maladroit, et profondément humain. Il est des jours où ces belles intentions valent tout l'or du monde.