Affichage des articles dont le libellé est Hugh Grant. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Hugh Grant. Afficher tous les articles

jeudi 17 décembre 2015

Les mots pour lui dire (2014)


En visionnant, tout récemment, "Les mots pour lui dire", film qui n'eut même pas les honneurs d'une sortie en salles (du moins en France), j'ai eu le sentiment d'être devant le prototype même du film pour lequel ce blog fut créé. En effet, cette quatrième collaboration entre Hugh Grant et Marc Lawrence (après "Le come-back", "L'amour sans préavis" et "Où sont passés les Morgan ?") pouvait paraître victime d'un traitement injuste : non content de passer sous les radars des spectateurs, il a eu droit à un de ces ré-étiquetages absurdes dont les distributeurs ont le secret : "The rewrite" est devenu "Les mots pour lui dire" et fut doté d'une affiche annonçant (de façon mensongère) qu'il s'agissait d'une comédie romantique. Existe-t-il manière plus efficace de saborder un film ?

Depuis qu'il a décroché l'Oscar du meilleur scénario, il y a quinze ans, Keith Michaelsn'a plus rien produit. Sa vie familiale est à l'image de sa carrière, puisqu'après son divorce, il n'a plus revu son fils, qui était pourtant sa plus belle réussite.
Parce qu'il faut bien vivre, Keith accepte donc un poste de professeur à au fond de la Nouvelle-Angleterre., bien loin d'Hollywood. Là, il va devoir enseigner l'art du scénario à de jeunes étudiants (et surtout à de belles étudiantes, d'ailleurs). Parmi ses élèves, se trouve Holly, mère célibataire qui n'a pas sa langue dans sa poche...

Soyons clair : "Les mots pour lui dire", en plus d'avoir été honteusement re-titré en français, n'est pas une comédie romantique, mais un film doux-amer où l'on suit la métamorphose d'un homme. Hugh Grant, autour duquel le film tourne, est égal à lui-même et ravira ses admirateurs tout autant qu'il exaspérera ses détracteurs. On pourra cependant regretter qu'il se contente d'une prestation "confortable", alors qu'il a prouvé récemment qu'il pouvait faire autre chose (j'en veux pour preuve sa prestation dans "Cloud Atlas", par exemple). Face à lui, on remarquera la prestation de Marisa Tomei, pleine d'une énergie hélas sous-exploitée. De même, on pourra regretter que certains seconds rôles ne soient pas plus mis en avant : JK Simmons et Chris Elliott, pour ne citer qu'eux, auraient mérité plus que les quelques scènes où ils brillent.

Ce sont ses longueurs qui sont le premier défaut majeur de ce film : au vu de son intrigue prévisible (mais ça n'est pas forcément un défaut), il aurait finalement gagné à être plus court d'une bonne vingtaine de minutes. L'autre défaut qui empêche "Les mots pour lui dire" de prétendre à la réussite est son statut bancal entre plusieurs genres qu'il ne fait qu'effleurer, sans en assumer aucun. Caressant tour à tour la romance, le thème du mentor (la référence au "Cercle des poètes disparus" est clairement affichée) et la reconstruction  du héros (au sens moral du terme).

Ces défauts mis de côté, il reste heureusement quelques atouts dans l'inventaire de "Les mots pour lui dire" : ses interprètes et son ton bienveillant. Cela ne suffit hélas pas à faire de ce film une oeuvre inoubliable. Trop paresseux et dénué des ambitions qui en auraient fait un grand film, "Les mots pour lui dire" est typiquement le genre de film qu'on oublie vite après son visionnage. Si au moins il avait eu un générique de début tel que celui du "Come back" (ce sera le plaisir coupable du jour)...


dimanche 1 juin 2014

L'Anglais qui gravit une colline mais descendit une montagne (1995)


S'il est un acteur britannique qui marqua la décennie 1990-2000, c'est bien Hugh Grant. Vedette incontournable des comédies romantiques à succès de l'époque, malgré des frasques qui firent la une de la presse people, celui qui fut révélé par "Quatre mariages et un enterrements" est moins présent sur les écrans, ces dernières années. Sa dernière apparition remonte au très étonnant "Cloud Atlas", d'ailleurs. En 1995, alors qu'à l'image du cinéma d'Outre-Manche, il était au sommet, il fut la tête d'affiche de "L'Anglais qui gravit une colline mais descendit une montagne". Ce ne fut ni son plus grand succès, ni son film le plus connu.

 En 1917, alors que la Grande Guerre fait rage sur le continent, deux cartographes sont envoyés dans le village gallois de Ffynnon garw Cette bourgade, en effet, est située au pied d'une colline et ses habitants sont persuadés qu'il s'agit d'une montagne. A cinq mètres près, le verdict des émissaires anglais tombe : le relief trônant au-dessus de Ffynnon garw est une colline et ne figurera donc pas sur les cartes.
Qu'à cela ne tienne, les fiers gallois ne reculeront pas pour autant et vont charrier des mètres cubes de terre pour que "leur" montagne en soit une...

Il faut mettre les choses au point tout de suite : "L'anglais qui gravit une colline mais descendit une montagne" n'est pas un grand film, et c'est sans doute pour cela qu'il a été oublié de la majeure partie des spectateurs. Son réalisateur, Christopher Monger, n'a plus jamais honoré le grand écran d'une de ses œuvres et, hormis Colm Meaney et, bien sûr, Hugh Grant, ses interprètes ne sont pas de ceux dont on a retenu les noms.

Ce bémol posé, il faut maintenant reconnaître bien des atouts à ce film, bigrement charmant, malgré (ou à cause) les années passées. La galerie de personnages et de caractères qu'il présente est assez jubilatoire, se penchant sur des Gallois qui eurent peu souvent l'honneur du septième Art. Interprétés par des acteurs visiblement heureux de se glisser dans la peau de ces farouches autochtones. 
L'histoire, ensuite, malgré sa simplicité, est de celles qui font tout simplement du bien. Sans être un de ces feel-good movies revendiqué, "L'anglais qui gravit une colline mais descendit une montagne" est un long métrage bienveillant, portant un regard plein d'affection sur ses héros et leur cadre de vie. Si vous voulez mon avis, rien que cette approche, en une époque où le bashing semble de mise, fait du bien. 
Cerise sur le gâteau, la bande originale, signée Stephen Endelman, est un vrai régal et habille le film de manière parfaitement adéquate. 

Certes, on pourra trouver bien des faiblesses dans le scénario ou la réalisation de cette comédie britannique. Mais ce serait se priver d'un charmant petit film, mené tambour battant par ses interprètes, au meilleur de leur forme. Rien que pour cela, "L'anglais qui gravit une colline mais descendit une montagne" mérite le coup d’œil.



jeudi 29 août 2013

Cloud Atlas (2012)



Auréolés de gloire à la sortie de "Matrix", les frères Wachowski n'ont eu de cesse de dérouter. Réalisant, avec des moyens conséquents, deux suites très discutées au film qui les propulsa sur le devant de la scène, ils se firent ensuite producteurs (en chapeautant, notamment, l'adaptation de "V pour Vendetta"), avant de connaître un gros échec commercial avec "Speed Racer", en 2008. L'an dernier, ils offrirent aux spectateurs l'un des films les plus ambitieux de la décennie (coréalisé avec Tom Tykwer, déjà connu pour avoir transposé "Le parfum, histoire d'un meurtrier" à l'écran) : "Cloud Atlas", avec sa cohorte de stars, ses effets spéciaux bluffants, ses décors grandioses et son scénario multi-époques fut, lui aussi, un bide phénoménal. 

Six récits, ayant lieu du XIXème au XXXIIème siècle, sont l'objet de "Cloud Atlas". S'y croisent les destinées d'un jeune juriste découvrant l'horreur de l'esclavagisme, d'un compositeur homosexuel et de son mentor tyrannique, d'une journaliste découvrant une machination ourdie par les industriels de l'énergie, d'un éditeur littéraire dépassé par les événements, d'une esclave coréenne au service des consommateurs tous puissants et du taciturne Zachry, membre d'une tribu primitive en proie à ses démons. Il est difficile de se lancer dans un résumé plus complet du film sans en dévoiler trop : sachez cependant que les différentes époques possèdent un lien entre elles et que, si les séquences naviguent allègrement d'une période à l'autre, leur ordre chronologique est révélateur de l'esprit du film et du regard que portent les auteurs sur l'humanité.

Lana (le nouveau prénom de Larry, après son changement de sexe) et Andy Wachowski avaient témoigné d'un grand pessimisme quant au devenir de l'humanité dans "Matrix". L'adaptation du roman "Cloud Atlas" (de David Mitchell) confirme leur vision très sombre, au travers des thèmes que brasse leur dernier film : quelque soit le siècle où ait lieu l'intrigue, les hommes foncent tout droit vers leur propre destruction. Seule survit, à travers le temps, une étincelle d'espoir, portée par l'amour qui peut unir deux êtres. Et, quand cet amour est au service d'une révolte, il peut changer le cours de l'histoire. 

Le gros point faible de "Cloud Atlas" est son scénario, à la fois trop complexe et trop simple. En effet,
chacune des histoires qui composent ce gigantesque puzzle est, prise à part, relativement basique, voire simpliste. Qu'il s'agisse de la lutte pour la survie d'une tribu ou du combat d'un vieil homme placé en maison de retraite, ces films dans le film peuvent paraître excessivement simples. C'est leur assemblage, par contre, qui les rend peu lisibles. Faute de mettre plus en avant les liens entre les différentes époques (assurés par la présence des mêmes acteurs et des indices éparpillés ici et là), les metteurs en scène perdent leurs spectateurs en cours de route à plusieurs reprises. L'absence d'un réel ciment rend l'ensemble de l'édifice chancelant et souvent sur le point de s'écrouler. Pour peu que le public ne soit pas décidé à faire l'effort de relier lui-même les différentes pièces du patchwork que forme "Cloud Atlas", le film lui paraîtra confus, voire incompréhensible.

Du côté des atouts de ce film, il faut souligner le fabuleux travail réalisé par les décorateurs, maquilleurs et costumiers. Trimbalé d'une époque à une autre, on est conquis à chaque fois par la crédibilité du voyage. Cela est accentué par la prestation remarquable de l'ensemble du casting : les interprètes sont tous excellents et donnent dans "Cloud Atlas" le meilleur d'eux-mêmes. Parfois méconnaissables sous le maquillage qui les affuble, les acteurs endossent leurs rôles de héros ou de salauds avec un talent qu'on leur ignorait parfois. Enfin, la bande originale, qui fait partie intégrante de l'intrigue, est elle aussi sublime.

Film ambitieux, esthétiquement parfait, "Cloud Atlas" se dégonfle, tel un soufflé sorti trop tôt du four, faute de lisibilité. Voyage à travers les âges dont on sort avec des images inoubliables dans la tête, il est au final à la fois trop confus et trop simpliste pour avoir réellement l'impact souhaité. Lana et Andy Wachowski ont un talent indéniable et une véritable vision des univers qu'ils mettent en scène. Espérons qu'un jour, ils retrouveront la grâce qui fut la leur (notamment sur leur très bon premier film, "Bound"). Leur prochain opus, "Jupiter Ascending", semble cependant confirmer leur goût pour la démesure...