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mercredi 5 septembre 2018

Quelque part dans le temps (1980)




Le voyage temporel, voilà un registre des plus casse-gueule. On l'a vu traité de bien des façons, tant en littérature qu'au cinéma. Richard Matheson, inspirateur de bien des films (de "Je suis une légende" à "Duel", en passant par "L'homme qui rétrécit", traita de ce sujet dans "Le jeune homme, la mort et le temps", dont il tira le scénario de "Quelque part dans le temps", réalisé par Jeannot Szwarc. Peu connu en France, ce film de 1980 mérite-t-il de sortir de l'oubli ? 

Lors de la représentation de sa première pièce de théâtre, Richard Collier vient venir vers lui une vieille dame inconnue. Après avoir prononcé "Reviens-moi", la mystérieuse vieillarde disparaît, laissant une montre dans la main de Richard. Huit ans plus tard, devenu célèbre, il n'a pas oublié cette étrange rencontre. Alors qu'il séjourne au Grand Hôtel, il est captivé par le portrait affiché d'une belle jeune femme, une actrice ayant séjourné là en 1912....et découvre qu'elle est Elise McKenna, la vieille dame venue à sa rencontre. Richard va tenter de remonter dans le temps pour rencontrer Elise, en 1912.

Avec les années, "Quelque part dans le temps" a conquis des fans, un peu partout dans le monde. On peut les comprendre : le mélange de romantisme et de fantastique (penchant fortement du côté de la romance, cela dit) peut séduire. Mais cette patine peut aussi agacer : esthétiquement, le film est daté et souffre de la comparaison avec d'autres œuvres plus récentes, tant pour sa photographie que son montage, pour ne citer que deux aspects techniques.

Hélas, pour les amateurs de ce registre du fantastique, il faut faire avec la forte dose de romance, à la limite d'un traitement à l'eau de rose. La réalisation de Jeannot Szwarc, surtout connu pour la suite médiocre des "Dents de la mer" et quelques navets plus récents comme "Hercule et Sherlock" ou "La vengeance d'une blonde", alterne les défauts évidents avec quelques belles trouvailles. 

On se réjouira de retrouver le regretté Christopher Reeve, à l'époque prisonnier du collant de Superman, démontrant un évident talent trop peu exploité durant sa carrière. Face à lui, Jane Seymour, évadée (pour un temps) du petit écran, et Christophe Plummer livrent une belle prestation, hélas gâchée par un doublage français médiocre. La bande originale de John Barry, particulièrement mélancolique, est également à mettre au crédit de ce film.

Il peut sembler étonnant que des admirateurs de "Quelque part dans le temps" se réunissent chaque année dans l'hôtel qui tient lieu de décor à ce film. Culte pour une poignée de spectateurs, cette histoire romantique franchissant les décennies, accuse pourtant (un comble !) le poids du temps qui passe. 




mardi 9 septembre 2014

Au-delà de nos rêves (1998)




Le grand Robin Williams est parti, cet été. Il nous laisse de merveilleux souvenirs de cinéma, que je ne vous ferai pas l'offense d'énumérer (quantité de médias se sont livrés à cet inventaire, comme chaque fois qu'un artiste quitte ce bas monde). Mais celui qui incarna Mrs Doubtfire fut aussi à l'affiche de films qui n'eurent pas le même retentissement, comme évoqué tout récemment. A la fin des années 1990, alors que sa carrière marquait le pas, Robin Williams décrocha le rôle principal de "Au-delà de nos rêves", généralement considéré comme un échec. Ce film, où il est question de l'au-delà, résonne d'une façon bien particulière, aujourd'hui...
Chris et Annie, depuis qu'ils se sont rencontrés, forment le couple parfait. Hélas, leurs deux enfants sont tués dans un accident de la circulation. Annie se réfugie dans la solitude et sa passion pour la peinture, tandis que Chris garde son chagrin pour lui. Quelques années plus tard, Chris est à son tour victime d'un accident de voiture. A sa grande surprise, il ne disparaît pas, mais continue d'observer sa femme, au travers de ses peintures...
Assassiné par nombre de critiques lors de sa sortie, "Au-delà de nos rêves" est une relecture moderne du mythe d'Orphée et d'Eurydice. Tiré d'un roman du célèbre Richard Matheson (on lui doit "Je suis une légende" ou "), ce film ne méritait pas forcément la volée de bois vert qui l'accueillit à l'époque. On pourra, certes, lui reprocher un scénario assez maigrelet et un certain manque de profondeur en ce qui concerne ses personnages. Ce conte funèbre aurait sans doute gagné à être un peu plus étoffé et plus surprenant, c'est vrai.

Egalement au chapitre des défauts du long métrage, la bande originale, envahissante, composée par le très variable Michael Kamen, est sans doute loin de voir celle initialement créée par le grand Ennio Morricone et qui ne fut finalement pas retenue (avis totalement subjectif, mais assumé, merci !). Enfin, la réalisation de Vincent Ward, repéré quelques années plus tôt avec "Cœur de métisse" et dont la carrière fut ensuite fort discrète, ne comporte pas l'audace qui aurait été nécessaire à pareil film. Dénuée d'ambition, la mise en scène de Ward échoue à donner à "Au-delà de nos rêves" la dimension qui en aurait fait un grand film. Enfin, les acteurs semblent souvent hésiter quant à l'intensité à donner à leur personnage : Robin Williams surjoue souvent, comme côtés Cuba Gooding Jr et Annabella Sciora (vue également dans "Les Soprano"). Celui qui tire le mieux son épingle du jeu est l'immense Max Von Sydow, dans un rôle secondaire mais marquant.

Artistiquement cependant, "Au-delà de nos rêves" est un film qui mérite d'être revu, malgré tous ses défauts. Les influences picturales dont il est ponctué convoquent nombre de grands peintres, tandis que son utilisation des couleurs, notamment, pourrait donner lieu à d'intéressantes études. Ébouriffant sur la forme, il a certes du mal à cacher son manque de fond et pas mal de lacunes du côté de sa réalisation. Mais, ne serait-ce que pour y revoir Robin Williams dans un rôle qui prend aujourd'hui un écho inattendu, les plus curieux pourront s'y risquer...



lundi 13 mai 2013

The box (2009)


Le célèbre et prolifique auteur de science-fiction Richard Matheson a maintes fois fait les frais d'adaptations pas toujours réussies de ses oeuvres au cinéma. On retiendra surtout "Je suis une légende", récemment transposé avec Will Smith dans le premier rôle, mais aussi "The Box", que Richard Kelly, réalisateur du très bizarre "Donnie Darko" adapta il y a quelques années à partir de la nouvelle "Le jeu du bouton". Assez étonnamment  alors que nombre d'adaptations tranchent dans le matériau de base pour tenir dans deux heures de film, Kelly procéda là à l'exercice inverse : de 8 pages écrites, il fit deux heures de pellicule.

Norma et Arthur Lewis, respectivement professeur et ingénieur à la NASA, reçoivent un jour une étrange proposition de la part du mystérieux Arlington Steward. Ce dernier leur confie en effet une boîte munie d'un bouton poussoir. Il leur suffira d'appuyer sur le bouton pour recevoir un million de dollars...et provoquer la mort de quelqu'un, quelque part sur Terre. La tentation est grande pour ce couple endetté : résisteront-ils longtemps ?

Comme je le disais plus haut, la nouvelle à l'origine de ce film (et qui fit déjà l'objet d'une adaptation dans la défunte série "La Quatrième Dimension") est courte et, pour en faire un film de 115 minutes, Richard Kelly a procédé à de nombreux ajouts, tournant autour d'Arlington Steward essentiellement. Lui qui nous avait déjà entraîné dans les territoire du bizarre et de la folie avec "Southland Tales" et surtout "Donnie Darko" s'en donne ici à cœur joie. Et c'est bien ce qui nuit au résultat, et fit sans doute que peu de spectateurs se déplacèrent pour aller voir "The box", malgré la présence en tête d'affiche de Cameron Diaz. Il faut dire que Richard Kelly n'est pas du genre à livrer à ses spectateurs un puzzle facile à assembler et qu'il compte plutôt sur leur sagacité pour trouver chacun leur propre interprétation de l'intrigue, qui plus est placée dans les années 1970. 


A l'instar du très barré "Stay", récemment évoqué sur ce blog, "The box" est donc un film étrange et dont chacun peut choisir le sens, selon l'humeur du moment. L'inconvénient, c'est qu'il fut vendu comme un blockbuster à 30 millions de dollars. L'équation consistant à réunir succès public et scénario crypté (voire indéchiffrable) est, on le sait, difficile à résoudre, à moins de s'appeler Kubrick ou Lynch. Dans le cas présent, c'est l'échec qui fut au rendez-vous. 


On pourra se consoler devant la prestation de Cameron Diaz, qui tire fort bien son épingle du jeu (face à un James Mardsen assez fade, une nouvelle fois) et de Frank Langella, bigrement intrigant. La reconstitution des années 1970 est, elle aussi, à porter au crédit de cet étrange long métrage. Cela ne suffira sans doute pas à l'immense majorité des spectateurs, ceux qui viennent au cinéma pour qu'on leur raconte une histoire. Réservé à un public averti, qui apprécie de devoir se triturer les méninges devant un film et après sa projection, "The box" a eu le succès qu'il méritait : il eut simplement fallu qu'il n'ait pas plus d'ambition.