Le voyage temporel, voilà un registre des plus casse-gueule. On l'a vu traité de bien des façons, tant en littérature qu'au cinéma. Richard Matheson, inspirateur de bien des films (de "Je suis une légende" à "Duel", en passant par "L'homme qui rétrécit", traita de ce sujet dans "Le jeune homme, la mort et le temps", dont il tira le scénario de "Quelque part dans le temps", réalisé par Jeannot Szwarc. Peu connu en France, ce film de 1980 mérite-t-il de sortir de l'oubli ?

Avec les années, "Quelque part dans le temps" a conquis des fans, un peu partout dans le monde. On peut les comprendre : le mélange de romantisme et de fantastique (penchant fortement du côté de la romance, cela dit) peut séduire. Mais cette patine peut aussi agacer : esthétiquement, le film est daté et souffre de la comparaison avec d'autres œuvres plus récentes, tant pour sa photographie que son montage, pour ne citer que deux aspects techniques.
Hélas, pour les amateurs de ce registre du fantastique, il faut faire avec la forte dose de romance, à la limite d'un traitement à l'eau de rose. La réalisation de Jeannot Szwarc, surtout connu pour la suite médiocre des "Dents de la mer" et quelques navets plus récents comme "Hercule et Sherlock" ou "La vengeance d'une blonde", alterne les défauts évidents avec quelques belles trouvailles.

Il peut sembler étonnant que des admirateurs de "Quelque part dans le temps" se réunissent chaque année dans l'hôtel qui tient lieu de décor à ce film. Culte pour une poignée de spectateurs, cette histoire romantique franchissant les décennies, accuse pourtant (un comble !) le poids du temps qui passe.