vendredi 21 février 2014

Millions (2004)


Danny Boyle a eu déjà l'honneur de ces colonnes, à plusieurs reprises (pour "La Plage" et "Une vie moins ordinaire"). Alternant curieusement les films majeurs (au rang desquels "Slumdog Millionaire" ou "Trainspotting") et les bides cuisants, ce cinéaste dont le talent n'est plus à prouver a cependant plus d'une fois surpris le public. "Millions", sorti après son remarquable "28 jours plus tard", aurait pu faire partie de sa "Bag of money trilogy" (inaugurée avec "Petits meurtres entre amis", puis prolongée avec "Trainspotting" et conclue avec "Une vie moins ordinaire"), tant les thèmes qu'il évoque sont proches de ceux chers à Danny Boyle.

Damian, sept ans, est fasciné par l'histoire des saints. Quand ce petit garçon, dont la mère est récemment décédée, découvre un sac rempli de billets, son frère aîné et lui vont hésiter sur la conduite à tenir. Si Damian souhaite faire le bien autour de lui en distribuant ce pécule aux pauvres, Anthony, son aîné, préfère être prudent et préférerait investir dans l'immobilier. 
Pendant ce temps, le possesseur du sac part à la recherche de son bien. Les événements vont se précipiter autour du fameux sac et les enfants ne sont pas au bout de leurs surprises, d'autant plus qu'avec le passage à l'euro qui s'approche, leur pactole va bientôt perdre toute sa valeur.

Le pitch de base de "Millions" aurait pu alimenter une comédie sociale comme savent les mitonner Ken Loach ou Mike Leigh. L'approche qu'a Danny Boyle est forcément moins ancrée dans une vision très "sociale", pour humaine qu'elle soit. Pourquoi pas, après tout ? Au visionnage des premières scènes du film, pour peu qu'on apprécie le travail de Boyle, on a envie d'aimer ce film. Du coup, on lui trouve quelques qualités, les plus évidentes, hormis la réalisation impeccable et le montage sans faille, auxquels nous a habitué le réalisateur. 

Alors, oui, la bande originale est soignée, comme souvent dans un film de Danny Boyle (quoiqu'elle ne puisse surpasser celle, inoubliable, de "Trainspotting"). Oui, les acteurs sont tous épatants, y compris les enfants, ce qui est une chose appréciable. A noter au passage que le rôle du père est tenu par James Nesbitt, faisant actuellement partie du casting de "The Hobbit" (certes sous le maquillage de Bofur) et que son interprétation est ici remarquable de sobriété. Bien évidemment, la V.O. est à préférer, le doublage français étant assez calamiteux.

Une fois cet inventaire de tout ce qui est bel et bon dans ce film fini, il faut cependant reconnaître que "Millions" n'est pas si réussi que cela et qu'il génère plus d'ennui que d'enthousiasme. Comme si Danny Boyle s'était contenté d'un embryon d'histoire et de sa capacité intacte à mettre en scène, il nous livre là un film boîteux, qui peine à entraîner son spectateur. 

Au final, "Millions" souffre un peu du même symptôme que "Une vie moins ordinaire". Passé l'idée de base, il ne tarde pas à pédaler dans le vide. Le recours à des intrigues secondaires et à des scènes vite incongrues ne suffit pas à dissimuler le peu d'épaisseur du scénario. Ce "Millions" est donc loin d'être indispensable.


6 commentaires:

  1. et dont nous allons nous dispenser, en suivant à la lettre tes précieux conseils! Pourtant j'aime beaucoup Danny Boyle mais je ne suis pas très emballée

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    1. C'est clairement un film mineur dans son oeuvre, à mon goût.
      Merci de ton passage et de ta fidélité à mes colonnes.

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  2. J'avais totalement zappé ce Boyle-là. Je suis passé directement de "28 jours" à "Sunshine". Si j'en crois ta conclusion, il me semble que j'ai plutôt bien fait.

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    1. Rien d'inoubliable, en effet, dans ce "Millions" qui ne porte pas grand chose de Danny Boyle, sur le fond ou sur la forme. Tu peux continuer à l'occulter sans rien rater.
      Merci de ton passage !

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  3. Ce n'est effectivement pas ce qu'il a fait de mieux, même si certains passages sont touchants. Au début on dirait du Ken Loach mâtiné de Tim Burton, mais ça ne dure pas !!!

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    1. Tout à fait d'accord avec toi pour le mélange auquel le début du film fait penser. Dommage qu'ensuite, Danny Boyle s'embrouille un peu et s'égare, comme l'avait fait pour "La plage".

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