En 2009, Stephen Frears et Michelle Pfeiffer faisaient, avec "Chéri", leurs retrouvailles après "Les liaisons dangereuses", autre adaptation littéraire. Cette fois, c'est d'après Colette que le réalisateur britannique nous offrait un film, traitant de la passion et de la raison, produisant au passage la troisième transposition du roman éponyme. Mais le succès de leur précédente collaboration ne se reproduisit pas et ils sont bien peu nombreux, ceux qui se souviennent de "Chéri".
Fils de courtisane, Fred Peloux fut surnommé, dans sa plus tendre enfance, Chéri, par Léa de Lonval, consœur de sa mère. Les élans de la chair et du coeur poussent, contre toute attente, Chéri dans les bras de Léa, dont la carrière est sur le point de finir...
Six ans passent et la mère de Chéri trouve pour son fils une épouse parfaite, celle qui lui donnera les petits-enfants tant attendus. Pour Léa et son jeune amant, la séparation est plus difficile qu'ils ne s'y attendaient et s'y résoudre va s'avérer bien douloureux...
C'est sur un ton léger, voire badin, que commence "Chéri", notamment par la présence de la voix narrative : tout cela est-il bien sérieux ? est-on tenté de se demander lors des premières séquences. Ca l'est, pourtant, parce que le thème que convoque ce film est majeur : la raison et la passion qui s'affrontent ont nourri maints grands drames, par le passé. Il faut croire qu'encombré par le sujet du film, le réalisateur ait eu du mal à l'affronter de face et se soit contenté de le frôler. Passant d'un coup ou presque de la légèreté et de la douceur à la tragédie, c'est un Stephen Frears un peu pataud, sans doute un peu perdu entre le fond et la forme. Car il faut dire que celle-ci est remarquable : "Chéri" est splendide à regarder, qu'il s'agisse des costumes, des décors ou de ses interprètes.
C'est un plaisir que de retrouver la divine Michelle Pfeiffer à l'écran, qui est sans conteste le plus bel atout de ce film, toute en charme et en sensualité. Derrière elle, la performance de Rupert Friend paraît tout juste honorable, mais pas honteuse. Enfin, on remarquera la présence de la grande Kathy Bates et celle de Felicity Jones dans les rôles de la mère et de l'épouse de Chéri. Mais cette belle interprétation, tout comme le soin apporté au décorum, ne peut nullement suffire à faire de "Chéri" un grand film. La beauté ne suffit pas.
On regrettera pour une fois l'envahissante bande originale, souvent peu adaptée. Alexandre Desplat, visiblement très inspiré par "Chéri" livre une partition surabondante qui saborde parfois l'effet dramatique de certaines scènes et aurait gagné à se faire plus discrète.
On regrettera pour une fois l'envahissante bande originale, souvent peu adaptée. Alexandre Desplat, visiblement très inspiré par "Chéri" livre une partition surabondante qui saborde parfois l'effet dramatique de certaines scènes et aurait gagné à se faire plus discrète.
Séduisant sur la forme, "Chéri" n'a cependant pas l'intensité qu'on pouvait attendre d'une telle adaptation, surtout entre les mains de Stephen Frears, d'ordinaire plus habile. Au final, ce film donne l'impression d'être un très bel objet précieux, que l'on regarde sans trop savoir si l'on peut y toucher et qui, finalement, n'émeut guère son spectateur.
Bonjour Laurent, il est certain que Chéri n'est pas le meilleur film de Stephen Frears mais il est agréable à regarder. Bonne journée.
RépondreSupprimerBonsoir Dasola...il est joli, certes, mais pas inoubliable, à mon avis.
SupprimerMerci de ta fidélité !