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mardi 11 février 2020

Les dents, pipi et au lit (2017)



On pourrait croire, en regardant l'affiche de "Les dents, pipi et au lit", qu'on a affaire à une comédie dont le héros serait pris à parti par de terribles bambins. Même son titre, légèrement régressif, peut laisser penser qu'en visionnant ce film, ce sont les zygomatiques qui vont être sollicités. On ne sait que ce ne sera pas forcément très fin, mais on devrait rire. Enfin, on l'espère, et c'est toujours ça de pris. En l'occurrence, lorsque sortit ce film, l'affiche ne suffit pas à attirer les spectateurs dans les salles et le premier (et dernier à ce jour) long métrage d'Emmanuel Gillibert


Célibataire endurci, fêtard et dragueur invétéré, quadragénaire immature, Antoine est en colocation avec son ami Thomas. Quand ce dernier doit partir, Antoine voit débarquer une nouvelle colocataire : la jolie Jeanne. Mais, rapidement, Antoine déchante : la belle, récemment divorcée, est suivie par ses deux enfants. D'abord pris au dépourvu, il décide rapidement de réagir et de se débarrasser des intrus pour retrouver sa vie d'avant. Mais c'est sans compter Cupidon, qui pourrait bien mettre son grain de sel dans cette histoire...

Comme je le signifiais en introduction à ce billet, si l'affiche laisse penser que "Les dents, pipi et au lit" est une comédie basée sur la rencontre problématique entre deux modes de vie (le choc des cultures, rien de tel pour générer le comique, depuis toujours ou presque), le pitch sollicite un autre genre, tout aussi éculé : la comédie romantique (eh oui, la revoilà !). Comme s'il avait consommé prématurément tout le carburant comique de son postulat de base (le célibataire irresponsable aux prises avec deux enfants en jeune âge), Emmanuel Gillibert change rapidement de braquet et s'aventure sur un autre registre. Cela dit, pourquoi pas ? 


Faisons rapidement le tour du propriétaire : les principaux ingrédients de la comédie romantique sont là, qu'il s'agisse des deux protagonistes que tout oppose a priori, de l'appartement qui fait rêver (ou en tout cas qui dépasse de loin la moyenne), ainsi que les multiples obstacles s'opposant à la romance (sans oublier la rupture provisoire, ultime épreuve incontournable du genre). Après ces checks, vient le constat, plutôt amer : "Les dents pipi, et au lit", avec son titre crétin, ne fonctionne pas, mais alors pas du tout.

Le duo choisi pour donner corps à cette romcom qui se voulait acide ne joue pas non plus en sa faveur. Tous deux échappés du petit écran, Louise Bourgoin et Arnaud Ducret ne parviennent pas à convaincre, engoncés qu'ils sont dans des rôles caricaturaux, écrits pour alimenter les situations pseudo-comiques, mais sans profondeur et, surtout, bourrés de clichés. 

Rarement drôle, souvent gênant, "Les dents, pipi et au lit" donne plus l'impression d'être une succession de gags où les pires clichés s'accumulent. C'est comme si on avait tenté de faire un film avec un échantillonnage de sketchs pas forcément du meilleur niveau. Pire encore, les dits sketchs semblent avoir été coupés au montage d'une des pastilles télévisées (vous savez, ces productions qui permettent aux chaînes de nous faire ingurgiter un peu plus publicité). Inutile alors de s'étonner du piètre résultat que pareille démarche donne sur grand écran. 




jeudi 7 juin 2018

Un heureux événement (2011)


Rémi Bezançon, réalisateur du "Premier jour du reste de ta vie", a déjà eu les honneurs (ou pas) de ce blog avec "Ma vie en l'air". J'ai d'ordinaire une réelle sympathie pour ce réalisateur, qui pose généralement sa caméra à une hauteur humaine et photographie avec justesse les fragments de nos vies. En adaptant le roman "Un heureux événement" d'Eliette Abécassis, c'est cette fois au couple qu'il s'intéresse, et plus précisément aux jeunes parents. Avant, pendant et après la naissance, "Un heureux événement" narrait le parcours pas toujours simple de ses héros. Hélas pour ce film, nombre de spectateurs n'ont pas suivi...

Plus qu'un heureux événement, l'arrivée d'un enfant dans un couple, fût-il bâti sur l'amour, est une étape majeure et souvent une épreuve. Pour Barbara et Nicolas, qui filent jusque là le parfait amour, la grossesse, puis la naissance de leur enfant va tout chambouler. Ce grand bouleversement commence dans le corps de Barbara, puis déborde sur la vie de son couple, de sa famille et du monde qui l'entoure. Souvent idéalisé, le passage au statut de parents n'est pas un long fleuve tranquille...


La première chose qui marque, au visionnage de "Un heureux événement", c'est le changement de ton certain adopté par Rémi Bezançon. Alors qu'il régnait sur "Le plus beau jour du reste de ta vie" une certaine bienveillance, l'atmosphère qui règne sur ce long métrage est moins sereine. Très vite, passées les scènes décrivant (d'une façon qui amusera les cinéphiles) la rencontre entre Barbara et Nicolas, une tension se fait sentir, qui ne lâchera plus le spectateur jusqu'à la fin du film. On a connu Rémi Bezançon moins acide sur le genre humain. 


Certes, quelques touches particulièrement bien senties feront résonner un certain vécu chez ceux qui connurent les affres de la parentalité, mais on ressent peu les émotions plus positives. Devenir parent ressemble plus, dans ce film, à une épreuve dont on peut sortir en miettes, qu'à une étape grandissant ceux qui la traversent. Le film de Rémi Bezançon pourrait donc faire réfléchir nombre de futurs parents mais, pour éducatif qu'il soit, il perd de sa valeur en temps qu'objet de cinéma. L'histoire du couple formé par Pio Marmaï (plutôt convaincant) et Louise Bourgoin (qui l'est moins) peut donc laisser sur le bas-côté de la route nombre de spectateurs.

Cette (large) tranche de vie d'un couple, pas toujours en accord avec son titre, est sans doute celui des films de Rémi Bezançon où l'on éprouve le moins de sympathie pour les personnages. Là où une immense tendresse sourdait de chaque plan du "Premier jour du reste de ta vie", on est souvent à deux doigts de l'agacement devant les gesticulations du futur père et les humeurs de la mère en devenir. Si le propos était de démystifier la venue de l'enfant, la mise au point est sans appel, mais le film aurait gagné à un peu plus de douceur et à moins d'amertume.








mardi 27 février 2018

L'un dans l'autre (2017)


La substitution des personnages (qui peut aller jusqu'au body swap), voilà un sujet classique en comédie. Qu'il s'agisse de "Un fauteuil pour deux" ou "Echange standard", le septième art a déjà maintes fois utilisé ce ressort pour faire rire son public, avec des réussites souvent variables. En reprenant le canevas de "Dans la peau d'une blonde" (de Blake Edwards), Bruno Chiche nous a proposé l'an dernier "L'un dans l'autre", où Louise Bourgoin et Stéphane De Groodt subissaient un échange de corps. Il faut croire que le public n'a pas été intéressé. Alors, sommes-nous passés à côté d'une bonne comédie française ?

Pierre, Aimée, Eric et Pénélope sont deux couples d'amis, très proches, trop proches peut-être. Alors que Pierre emploie Eric dans son entreprise, il est aussi l'amant de Pénélope. Mais le couple illégitime décide de cesser sa relation adultère : Pénélope et Eric comptent adopter bientôt, et passer également par la case "mariage".
Après une dernière étreinte, les deux amants se réveillent avec une drôle de surprise. Pierre se retrouve dans le corps de Pénélope et vice-versa. En voilà une histoire...

L'inconvénient, avec un postulat de base aussi gros, c'est qu'il faut, derrière, un scénario en béton armé, capable de mener jusqu'au bout l'histoire et, si possible, de retomber sur ses pattes. Pour le coup, c'est raté. Le traitement de "L'un dans l'autre" est surtout prétexte à une accumulation de clichés qui ne sont pas vraiment à son honneur : "possédé" par Pénélope, Pierre se met à être vegan et à faire le ménage, ce qu'il ne pratiquer nullement jusque là. De l'autre côté, Pénélope fume, boit et ce n'est pas tout. C'est fâcheux : en permutant les personnages, qui plus est de sexe opposé, il y avait tant à dire, ne serait-ce qu'au sujet de la féminité et de la masculinité.

A visionner "L'un dans l'autre", on a souvent l'impression d'être tombé sur le premier téléfilm venu, tant son traitement est pauvre et sans ambition : Partant d'une situation de départ qui avait quelques atouts dans sa manche, Bruno Chiche, qui avait fait parler de lui avec son premier long métrage, "Barnie et ses petites contrariétés" échoue complètement à l'exploiter et ne fait jamais rire. Ses comédiens, visiblement mal dirigés, sont entraînés avec lui dans le naufrage. Le défi de jouer "à la manière de" était pourtant un sacré challenge, dans lequel Louise Bourgoin et Stéphane De Groodt échouent. A l'arrière-garde, Pierre-François Martin-Laval et Aure Atika sont condamnés à assister au désastre sans rien n'y pouvoir faire. 

Accumulant les clichés et les situations outrancières, "L'un dans l'autre" n'est finalement jamais drôle et est souvent embarrassant. Voilà encore une comédie française à ranger au rayon des ratages, une de plus.


mardi 31 mars 2015

L'amour dure trois ans (2011)


Écrivain, chroniqueur, personnage public, Frédéric Beigbeder s'est fait remarquer par ses romans et ses nombreux éclats. Pour sa première (et, à ce jour, unique) réalisation, ce personnage haut en couleur a choisi d'adapter l'un de ses romans teinté d'autobiographie. Avec son titre provocateur, "L'amour dure trois ans" ne connut pourtant pas le succès qu'on pouvait attendre de lui. Au regard du beau succès (y compris à l'international, comme on dit) qu'avait été "99 francs", mis en scène par Jan Kounen, on pouvait en attendre plus.

Marc Marronier, écrivain, divorce, après trois ans de vie commune. Désabusé, le romancier écrit (sous un pseudonyme) un violent pamphlet qu'il titre "L'amour dure trois ans", et qui finit par rencontrer le succès. Pendant ce temps, Marc croise le chemin d'Alice, l'épouse de son cousin, et tombe sous son charme. 
Peu à peu, tous deux deviennent amants, puis amoureux. Quand Alice découvre que Marc est l'auteur de "L'amour dure trois ans", livre qu'elle considère comme une infâmie, elle se sent trahie.

Ce qui saute aux yeux de prime abord, lorsqu'on visionne "L'amour dure trois ans", c'est l'omniprésence de la galaxie Beigbeder dans ce long métrage. Tous ses amis semblent s'être donné rendez-vous pour évoquer les souvenirs sentimentaux de l'écrivain. Mais, après tout, pourquoi pas ? Le casting ne préjuge pas forcément de la réussite de l'entreprise, pour peu que le talent soit au rendez-vous. Hélas, ce n'est pas franchement le cas, surtout en ce qui concerne les deux acteurs principaux. Gaspard Proust, dont l'humour a ses adeptes, porte bien mal le costume de Marc et semble mal à l'aise dans ce personnage tantôt cynique, tantôt naïf. Louise Bourgoin, quant à elle, prouve une nouvelle fois que le passage par la case "Miss Météo de Canal" n'est pas suffisant pour devenir actrice. Aussi charmante soit-elle, elle n'est guère convaincante dans le rôle d'Alice. 

Il faut dire que ces personnages évoluent dans une curieuse dimension où, à l'instar du spectateur, ils ne savent pas forcément sur quel pied danser. Alors qu'on pouvait s'attendre à une farce virulente, on se retrouve souvent sur les sentiers de la comédie romantique, L'équilibre entre les deux genres est délicat et, s'il atteint parfois son objectif, le réalisateur déconcerte plus qu'il ne convainc. 

Trop loin du ton qu'on avait pu apprécier dans "99 francs" pour être véritablement caustique, "L'amour dure trois ans" n'assume pas non plus la naïveté nécessaire à la réussite de sa part romantique. Le résultat est un film plus bancal qu'autre chose. Étonnamment, c'est sans doute le générique d'ouverture qui constitue la plus belle scène du film, tant par sa forme que par son ton. Hélas, les promesses qu'elle fait au spectateur ne sont que rarement tenues. "L'amour dure trois ans", qu'on pouvait espérer acide, est souvent tout sucre tout miel. 


lundi 28 janvier 2013

L'autre monde (2010)


Régulièrement, on peste contre la frilosité du cinéma français, désespérant par son manque d'audace et d'inventivité. Il y a cependant, de temps à autre, quelques tentatives audacieuses de s'écarter des sentiers battus (et rebattus), pour s'aventurer dans le territoire du film de genre, voire du fantastique, avec plus ou moins de bonheur. Ce n'est pas pour autant que ces essais sont couronnés de succès. "L'autre monde", réalisé par Gilles Marchand est une de ces incursions. Bien qu'ayant été projeté au Festival de Cannes en 2010, en séance spéciale mais hors compétition, ce film n'a pas déplacé les foules (malgré une affiche des plus aguicheuses, vous en conviendrez).

Durant les vacances d'été, Gaspard, une jeune garçon comme de nombreux autres, partage son temps entre ses amies et sa copine, Marion. Lorsqu'il rencontre la belle et ténébreuse Audrey, sa vie va basculer. La jeune femme, adepte d'un univers virtuel nommé "Black hole", ne semble chercher que la mort. Attiré par Audrey, Gaspard va la retrouver, de l'autre côté du miroir, dans cet univers virtuel.

Pour son second long métrage après "Qui a tué Bambi", Gilles Marchand, comparse habituel de Dominik Moll (à qui l'on doit le troublant "Harry, un ami qui vous veut du bien"), prend cette fois le rôle de réalisateur et entraîne le spectateur dans ce qui se veut un thriller sulfureux. Et, pour rehausser un peu plus la barre, le choix de traiter d'un jeu sur réseau comme du siège d'une partie de l'intrigue est diablement ambitieux.

A l'arrivée, il faut cependant reconnaître que le résultat n'est pas à la hauteur des espérances générées par le pitch. Le scénario de "L'autre monde" tourne vite à vide et nombreuses sont les séquences destinées à faire du remplissage. Doté d'une bonne idée de départ, Gilles Marchand n'arrive à aucun moment à nourrir son film avec un scénario suffisamment épais. C'est dommage, car ce film a pourtant quelques qualités. 

En premier lieu, les séquences se déroulant dans l'univers virtuel de "Black Hole", sorte de "Second Life", sont absolument remarquables, d'un point de vue esthétique et c'est le plus bel atout du film, à mes yeux. Bien qu'utilisant des décors minimalistes, le monde de "Black Hole" est doté d'une identité propre qu'on ne fait hélas qu'entrevoir. 

Les interprètes font de leur mieux et il faut leur reconnaître un certain talent. Louise Bourgoin, fraîchement échappée de son rôle de miss météo de Canal+, endosse parfaitement celui d'Audrey, ajoutant à sa remarquable plastique un charme  vénéneux. Melvil Poupaud et Grégoire Leprince-Ringuet s'acquittent eux aussi de leur tâche avec talent.

Mais, comme je le disais plus haut, il est regrettable que ces interprètes soient au service d'une histoire relativement plate, où l'on attend souvent qu'il se passe quelque chose, que survienne un évènement capable de pimenter l'intrigue. Faute de cela, il faut se contenter de l'esthétique du film. C'est peu, vous en conviendrez.

Encore une fois, et il faut croire que c'est symptomatique du cinéma français, malgré une idée de base intéressante, c'est la déception qui est au rendez-vous.