vendredi 6 mai 2016

Miss Hokusai (2015)


Katsushika Hokusai est sans doute l'artiste japonnais le plus connu. J'en veux pour preuve le grand succès de l'exposition qui lui fut consacrée en 2015, à Paris. sa fameuse vague orne bien des salons, démonstration simple et éclatante d'un art à son apogée. L'an dernier, un long métrage animé réalisé par Keichi Hara, d'après un manga de Hinako Sugiura, fut proposé aux spectateurs, mais ne rencontra pas le succès habituellement réservé aux productions nippones, quand celles-ci viennent du studio Ghibli, par exemple.

Japon, durant la période Edo : le peintre Hokusai, artiste reconnu, croule sous les commandes, qu'il s'agisse de grandes fresques ou de dessins minuscules. Au faîte de son art, il se fait assister par l'un de ses quatre filles, O-Ei. Cette dernière, en plus de supporter les humeurs variables de son père, prend parfois en charge la finition de certains dessins.
Et puis, il y a la petite soeur d'O-Ei, dont Hokusai semble ne pas vouloir entendre parler.

Une chose est sûre, au visionnage de ce film : on découvre l'histoire du grand peintre sous un autre angle, celui de ses proches, quitte à faire descendre le grand homme du piédestal où son art l'a posé. Les rapports d'Hokusai avec O-Ei et l'absence de ces rapports avec sa petite fille sont ici décrites sans le vernis habituellement réservé aux grands hommes. Les angoisses et les souffrances d'O-Ei face aux sarcasmes et à la nonchalance de son artiste de père sont autant de fissures dans la légende.

Pour décrire ces pans méconnus de l'histoire d'Hokusai, Keichi Hara met en scène de sublimes dessins : c'était évidemment le moins qu'on puisse attendre, au vu du thème abordé. malheureusement, le scénario, qui manque cruellement d'une véritable intrigue et se contente d'aligner les anecdotes, peine à servir les images. La bonne idée de départ, consistant à se pencher sur la personnalité d'un des artistes majeurs de l'archipel nippon tombe à l'eau, et le spectateur doit se contenter de la contemplation. Si cet art qui consiste à s'abandonner, voire à se perdre devant une oeuvre, s'adapte tout particulièrement aux dessins d'Hokusai, il est moins bien adapté au dessin animé. 

Les images sont jolies, mais la structure de l'histoire, ou plutôt l'absence de celle-ci donne l'impression qu'il manque une ossature à l'édifice. Hokusai méritait sans doute mieux.


dimanche 1 mai 2016

Beur sur la ville (2011)


La mixité, les banlieues, l'intégration : voilà autant de thèmes qui suffisent à déclencher de farouches débats, quel que soit le public. Essayez dans votre prochain dîner, vous m'en direz des nouvelles. Le cinéma a, plus d'une fois, tenter de parler de ces sujets, que ce soit sur un ton sérieux ou avec dérision. Bien sûr, on pense dans ce cas à des comédies savoureuses, de celles qui vous réconcilient avec le septième art et le genre humain, comme "Les aventures de Rabbi Jacob", mais il en est d'autres, plus récentes, réussies ou non, qui prônent l'acceptation de l'autre. Djamel Bensalah, après un "Le ciel, les oiseaux et...ta mère" couronné de succès, eut moins de chance avec "Beur sur la ville".

Khalid Belkacem a multiplié les échecs, depuis sa plus tendre enfance. Qu'il s'agisse de sa scolarité, de son permis de conduire, ou du concours d'entrée dans la Police. Au nom de la discrimination positive, Khalid va cependant se retrouver propulsé aux commandes d'un commissariat, grillant à l'occasion la politesse à son beau-père qui espérait cette promotion.
Les ennuis ne font que commencer pour Khalid, qui doit maintenant participer à l'enquête sur les agissements d'un terrifiant tueur en série. 

Avec "Beur sur la ville" (vous aurez normalement compris la référence), on est dans la comédie burlesque, et la présence dans l'intrigue d'une enquête policière n'est qu'un prétexte, un peu comme l'était celle de "La cité de la peur". Le film de Djamel Bensalah entraîne son public dans des banlieues joyeuses et chaotiques, où la débrouille est souvent la seule façon de s'en sortir. C'est souvent caricatural, mais l'enthousiasme des acteurs fait passer bien des défauts. 

Bien plus que l'histoire, souvent confuse et répétitive, c'est en effet l'énergie des acteurs principaux et le passage de guests parfois inattendus qui maintient l'édifice en place. Avec sa drôle de bouille, Booder, accompagné par Issa Doumbia et Steve Tran, entraîne le spectateur dans des aventures dignes des Pieds Nickelés propulsés par accident dans le sillage du Commissaire Moulin. Pour les épauler, la divine Sandrine Kiberlain (plus ça va, plus j'aime cette actrice) semble parfois se demander ce qu'elle fait là, mais assume (bien avant "Neuf mois ferme") son talent comique. On notera également la présence de Josiane Balasko (qui avait déjà expérimenté ce mélange des genres avec "Les keufs"), de Gérard Jugnot, de Roland Giraud, de François-Xavier Demaison, de Jean-Claude Van Damme, de Ramzi Bedia, de Lionel Abelanski, et j'en passe.

C'est un joyeux bazar, parfois drôle, souvent confus. C'est plein de vie et de chaos, mais ça ne fait pas forcément un film solide et cohérent. Pour les plus indulgents, ou celles et ceux qui ont envie ou besoin d'un peu de rire, cela peut néanmoins être suffisant. 








mardi 26 avril 2016

Mr Holmes (2015)




Sherlock Holmes fait partie des personnages les plus déclinés au grand (et au petit) écran. Il est difficile de dénombrer le nombre de fois où l'illustre personnage tiré de l'imagination de Sir Arthur Conan Doyle prit les traits d'un acteur pour entraîner à sa suite les spectateurs ébahis par sa sagacité. Tout récemment, Bill Condon, réalisateur du "Cinquième pouvoir" (et également de deux épisodes de la sinistre saga "Twilight") s'est frotté à l'exercice, en adaptant le roman "Les abeilles de Monsieur Holmes". Cet ouvrage, écrit par Mitch Cullin, mettait en scène un Holmes au crépuscule de son existence. Le film qui en fut tiré dut attendre des mois pour avoir les honneurs d'une sortie en salles dans l'Hexagone, bien après que nombre de nos voisins européens aient pu le voir...

1947 : Sherlock Holmes profite d'une retraite bien méritée dans sa résidence du Sussex, entouré de sa gouvernante, Mrs Munro et du fils de celle-ci, le jeune Roger, admirateur du grand détective. Entre ses ruches, dont les abeilles sont victimes d'un mystérieux mal, et une affaire vieille de plus de cinquante ans, Holmes va devoir une dernière fois mettre sa sagacité à l'épreuve. Cependant, son esprit, tout comme son corps, semble accuser le poids des années passées.

Se pencher sur les dernières années du grand détective, pourquoi pas ? Si la preuve nous est régulièrement donnée qu'il est encore possible d'exploiter avec inspiration l'époque de sa grandeur, il y eut également de grands films sur sa jeunesse (comme, par exemple, "Le secret de la pyramide") et des pastiches savoureux (je songe notamment à "La vie privée de Sherlock Holmes"). Le grand âge du célèbre détective pouvait donc donner lieu à un beau film et aurait pu aborder les dommages du temps, thème finalement assez tabou.

Pour que la mission soit remplie, il aurait fallu confier l'ouvrage à un metteur en scène plus
talentueux. Bill Condon, qui n'a jusque là guère brillé, ne montre guère de virtuosité dans son adaptation. Malgré des interprètes habités par leurs personnages, qu'il s'agisse du grandissime Ian McKellen, de Laura Linney ou du jeune et prometteur Milo Parker, l'histoire qui se déroule sous les yeux du spectateur laisse pantois, tant elle ne réussit à aucun moment à captiver son attention comme devrait le faire tout opus du détective au deerstalker. 

Le problème majeur de ce film vient sans doute d'un scénario confus et ne générant pas l'étincelle habituellement rencontrée dans les pas du locataire du 221b Baker Street. A vouloir jouer sur les deux tableaux (le déclin d'un grand cerveau et l'ultime mystère qu'il doit résoudre) et (surtout) à cause de sa réalisation sans relief, Bill Condon livre un film sans grand intérêt, se prenant les pieds dans le tapis dès les premières séquences. Sherlock Holmes, fût-il décati, méritait mieux.







jeudi 21 avril 2016

Itinéraire Bis (2011)


J'ai eu un moment de faiblesse, l'autre soir et ai allumé la télévision. Paresse intellectuelle ou véritable curiosité ? C'est sur "Itinéraire Bis", une petite comédie romantique totalement passée inaperçue lors de sa sortie que ma zapette m'a dirigé. Avec pour décors les paysages corses et comme acteurs principaux Leïla Bekhti et Fred Testot, ce film semblait disposer de quelques éléments intéressants : allais-je me réconcilier avec la comédie romantique à la française ?

Jean, 35 ans, dirige laborieusement le restaurant que lui a offert sa mère, chez qui il vit toujours. Timoré, le jeune homme n'a jamais vraiment pris les commandes de sa vie. Lorsqu'au volant de la Porsche confiée par un client, il secourt Nora, qui vient de se faire jeter du bateau de son petit ami (à l'instar de tout ce qui est encombrant), commence une drôle d'histoire. Elle est colérique, souvent superficielle, mais diablement charmante, il est réservé et trop gentil pour être honnête : tout les oppose, mais le destin en a décidé autrement.

La comédie romantique est un genre balisé dont on connaît les passages obligatoires. "Itinéraire Bis", première incursion de son réalisateur dans ce domaine, respecte ces jalons, mais n'y ajoute rien qui mérite le déplacement. Pire encore, alors qu'on pourrait suivre ce road-trip dans l'île de Beauté avec plaisir, le scénario comporte tant d'incohérences et d'hésitations sur l'allure à adopter qu'il gâche tout le voyage. Plutôt que de profiter du voyage, on se surprend à en espérer la fin. C'est d'autant plus dommage que le metteur en scène, Jean-Luc Perréard, dont c'est le premier film à sortir dans les salles obscures, avait à sa disposition deux acteurs dotés d'un fort potentiel de charme, dont on sent qu'ils auraient pu donner vie à une belle histoire.

On portera au crédit de cet "Itinéraire Bis" le charme et le talent de ses deux interprètes principaux, ainsi que les très beaux décors naturels (j'ai très envie d'une balade en Corse, maintenant, c'est malin) et une bande originale faite de tubes entraînants qu'on a plaisir à entendre. Hélas, tout cela ressemble trop à du remplissage destiné à boucher les trous dans un scénario plein de failles et d'incongruités.

Quand arrive laborieusement la scène finale, éminemment prévisible, on s'interroge : que reste-t-il à sauver de cette poussive comédie romantique ? Les sublimes paysages de Corse, le charme des deux interprètes principaux et une belle bande originale : la carte postale est jolie, mais ne raconte rien qui vaille la peine.


samedi 16 avril 2016

Jupiter : le destin de l'univers (2015)


Curieuse trajectoire que celle des ex-Wachowski brothers, récemment devenues les Wachowski sisters (puisque Larry est maintenant Lara et qu'Andy est désormais Lilly) : après avoir fortement secoué le cinéma de science-fiction avec "Matrix", ils n'ont eu de cesse de chuter dans l'estime du public, film après film, de "Speed racer" à "Jupiter : le destin de l'univers", en passant par le surprenant "Cloud Atlas". Si ce dernier a limité les dégâts et s'est vu reconnaître (y compris dans ces colonnes) de vraies qualités, peut-on en dire autant de "Jupiter : le destin de l'univers", sévère échec l'an dernier ?

Jupiter Jones a hérité son prénom de la passion qu'avait son père pour les astres lointains. Avec ce qui lui reste de famille, elle vivote aux Etats-Unis, se consacrant avec résignation au nettoyage des toilettes. Quand elle est sur le point d'être éliminée par d'étranges créatures et que surgit pour la sauver un mercenaire tout aussi étrange, elle découvre que son destin est loin de ce qu'elle imaginait.


Graphiquement, c'est beau et surprenant, comme on pouvait s'y attendre venant des Wachoswki. La mise en scène est également élégante, même si certaines scènes auraient mérité d'être plus courtes, pour gagner en efficacité (notamment certaines séquences de poursuite et de confrontations). L'orgie visuelle offerte par les deux metteurs en scène peut suffire à certains spectateurs, c'est vrai. Mais, dès qu'on est un peu plus exigeant, et que l'on cherche une histoire derrière les images, le bilan est bien plus mitigé.

Ce pseudo-conte de fées mâtiné de space-opera est à la fois une oeuvre ambitieuse et une histoire vieille comme le monde, voire même un brin simpliste, même si elle est enrobée dans des tonnes d'action et de pseudo-rebondissements qu'on voit arriver avant les personnages. Si "Cloud Atlas" pouvait être fascinant par sa structure et les portes qu'il ouvrait pour le spectateur, "Jupiter : le destin de l'univers" est finalement décevant, ne surprenant guère le (maigre) public. Alternant scènes (trop longues) de bagarre au format XXL et discours lénifiants, le film souffre d'un manque de cohérence et d'intérêt pour l'amateur de science-fiction, alors qu'il ne sait pas attirer le profane en la matière.

Pour incarner Jupiter Jones, le choix de Mila Kunis, moue boudeuse en avant, agacera les détracteurs de l'actrice autant qu'il enchantera ses fans. Face à elle, Channing Tatum (oui, celui dont les tablettes de chocolat font se pâmer ces dames) fait le job en assurant le minimum syndical. Du côté des seconds rôles, le bilan est plus mitigé : c'est un vrai plaisir de retrouver Sean Bean, une fois de plus, tandis que la prestation d'Eddie Redmayne pourra laisser songeur, tant il sombre dans la caricature. 

"Jupiter : le destin de l'univers" a tout du cadeau de Noël offert par un richissime oncle d'Amérique qui finalement connaît bien mal son neveu : sous un somptueux emballage, se cache un film finalement très anodin, qui pèche à parler à son public. Il sera vite relégué aux oubliettes et ira prendre la poussière dans son coin.


lundi 11 avril 2016

Angèle et Tony (2010)



C'est l'ami Martin (dont je ne peux que vous recommander les 1001 bobines) qui m'a incité à écrire un billet sur ce film, une histoire de gens comme les autres. Bien qu'ayant reçu de nombreuses récompenses, ce petit long métrage d'Alix Delaporte est passé sous les radars de nombre de spectateurs. Voici venu le moment d'une séance de rattrapage. 

Angèle, jeune femme perdue au parcours chaotique, fragile et sauvage, arrive à Port-en-Bessin, petit port de pêche normand, frappé par la crise. Là, elle croise le chemin de Tony, patron pêcheur bourru, lui aussi écorché par la vie, qui l'embauche à la débarque. Les mains dans le poisson fraîchement tiré de l'eau, Angèle réapprend la vie.
Tous deux s'observent, se cherchent, se jaugent...se trouveront-ils ?

Une histoire simple, ancrée dans la réalité, voire le quotidien, une fois de temps en temps, c'est plus que salutaire. Se souvenir qu'il existe autre chose que la terreur, la haine et la bêtise, en notre bas monde, a bien des vertus, quand s'évader ne suffit plus. Le premier film d'Alix Delaporte, "Angèle et Tony" revendique ce réalisme, si souvent malmené par le cinéma et dont les plus grandes réussites viennent souvent d'outre-Manche.

Filmé à hauteur d'homme (et de femme), "Angèle et Tony" va au plus près de ses protagonistes, quitte à prendre parfois le docte ton du documentaire. Ce parti-pris, souvent malhabile, se révèle dans le cas présent le meilleur choix qui soit. Guidé par la mise en scène, le spectateur observe tout d'abord le petit monde dans lequel il finit par entrer, comprenant lentement les personnages, avant d'irrémédiablement s'attacher à eux. 

Deux interprètes magnifiques (ils furent d'ailleurs récompensés par César pour ce film) portent cette histoire : la divine Clotilde Hesme, à la fois enfant fragile et animal sauvage, donne vie et épaisseur à Angèle, tandis que Grégory Gadebois réussit la prouesse d'incarner un Tony à la fois bourru et attachant, sans sombrer dans la caricature.  Autour d'eux (qui méritent à eux seuls le visionnage de ce film), gravitent également de nombreux seconds rôles emplis d'humanité.

L'humanité, voilà le moteur principal de ce petit film. Souvent évoquée en vain, rarement ressentie lors d'une projection, elle est là, qui vibre à chaque séquence de "Angèle et Tony". Si vous êtes en quête de cette denrée souvent devenue rare, n’hésitez pas : ce film en regorge.




mercredi 6 avril 2016

Suspect zéro (2004)


Le tueur en série fascine les cinéastes depuis l'invention du septième art, ou peu s'en faut. De "M le maudit" au "Silence des agneaux", en passant par "Se7en", nombreux sont les chefs d'oeuvre s'étant penché sur ce personnage fascinant de monstruosité. Dans l'inventaire des films traitant du serial-killer, il y a également maintes tentatives vaines, voire purement mercantiles, d 'exploiter un juteux filon. Échec injuste ou bide bien mérité ? Le cas de "Suspect Zéro", réalisé par E. Elias Merige mérite qu'on se penche sur lui.

L'enquêteur Thomas MacKelway, du FBI, après une longue traversée du désert, enquête sur des meurtres, a priori sans lien entre eux. Mais lorsqu'un mystérieux message revendique les assassinats, se profile la présence d'un tueur en série, qui chasse lui-même d'autres tueurs en série. MacKelway, accablé par ses démons, et sa collègue Fran, vont remonter la piste, jusqu'à une mystérieuse expérience de vision à distance...


Repéré pour son précédent film, "L'ombre du vampire", E. Elias Merige s'est emparé, pour "Suspect zéro", d'un scénario cherchant preneur depuis plusieurs années à Hollywood. Lorsqu'on découvre l'histoire dont il est question, on comprend mieux pourquoi ce script a mis tant de temps à être choisi pour donner lieu à un film. Tarabiscotée à outrance, ce pseudo-thriller traitant d'un tueur de tueurs laisse le spectateur interloqué : et puis quoi, encore ? La surenchère relative aux motivations du méchant du film semble assez vaine, surtout au regard du résultat.

On serait bien mal inspiré de reprocher son manque de moyens à un film, mais le fait est qu'on a vu de tous petits budgets donner de grandes choses. Cependant, dans le cas de "Suspect zéro", force est de constater que, bien souvent, le manque d'ambition se ressent à l'écran. C'est d'autant plus flagrant que le metteur en scène use et abuse de techniques "clipesques" (notamment d'agaçants passages usant de filtres rouges pour signifier la "présence" du tueur). 

La psychologie des personnages est dessinée à traits épais, voire caricaturaux, sans aucun souci de crédibilité. C'est là un des points (très) faibles du film, le réalisme des protagonistes étant pour beaucoup dans la réussite d'un film de ce genre (les exemples abondent). Endossant des rôles mal fichus, les acteurs ne donnent pas, c'est un euphémisme, le meilleur d'eux-mêmes. Aaron Eckhart n'est guère convaincant en enquêteur torturé et Ben Kingsley en fait des tonnes dans le rôle du tueur plus intelligent que celui qui le pourchasse. Il n'y a guère que la lumineuse Carie-Anne Moss pour sauver l'interprétation de ce médiocre thriller.

Exploitant sans inspiration un thème déjà essoré, "Suspect zéro" n'est pas de ces films qui transcendent un genre pour devenir une oeuvre mémorable. Il est préférable de l'oublier...